3

 

Le lycée John Fitzgerald Kennedy connut une rentrée tardive. Selon Dex, qu’elle ait lieu tenait déjà du miracle ; le mérite en revenait à Bob Hoskins, le proviseur, et à l’association des parents d’élèves ; ils avaient négocié de concert avec les proctors. Ceux-ci devaient préférer parquer des adolescents agités plutôt que de les laisser traîner dans les rues.

Le problème (un parmi tant d’autres), c’étaient les textes. La bibliothèque scolaire était de celles mises à l’index. Les proctors disaient « indexée ». Des camions étaient venus en août chercher les livres – il ne s’agissait pas de les brûler, semblait-il, mais de les classer, sans doute dans les archives secrètes d’un monastère ou d’un souterrain quelconque.

Le consul militaire avait même proposé de nouveaux manuels dont l’emploi s’avérerait sans doute inévitable si l’école continuait, mais les premiers exemplaires avaient atterré Dex : un volume doré sur tranche qui aurait pu passer pour un almanach de 1890, rempli de morales édifiantes sur les dangers de la syphilis et de l’alcool distillé, et des brochures historiques dont la véracité paraissait douteuse même dans ce pays d’Oz : Héros et hérésiarques, Daniel à Ravensbrück, Victoires et défaites dans les plaines des Flandres. Dex ne se voyait guère distribuer de tels documents à des mômes élevés au Super Mario et aux tortues Ninja.

Il donnait son cours habituel : l’Amérique, de l’Indépendance à la Première Guerre mondiale. Il écrivait des « chapitres » qu’il imprimait sur un vieux duplicateur à alcool déniché au sous-sol. L’histoire n’était plus ce qu’elle était, bien sûr. Cependant, malgré quatre mois de preuves tangibles, sa tâche ne lui semblait pas inutile, et ce qu’il racontait à cette classe de plus en plus réduite n’avait rien des légendes d’un paradis perdu. Ces événements s’étaient produits, et avaient entraîné des conséquences : Two Rivers, par exemple, et ses habitants.

Il enseignait l’histoire véritable. Du moins le pensait-il. Mais ses élèves restaient dissipés, et aujourd’hui n’avait pas failli à la règle. Privé de livres, de lumière, de chauffage et d’enthousiasme, il accueillit avec soulagement la fin de la journée.

Quand il rentra, les ombres s’allongeaient. Le couvre-feu ne débutait qu’à 6 heures, mais les rues étaient désertes. Exception faite des soldats. Depuis trois mois, il s’entraînait à ne plus voir les véhicules de patrouille carrés dont le conducteur nanti d’un béret noir et le passager armé d’un fusil à baïonnette arboraient toujours la même expression d’hostilité blasée. Si l’on s’attendait à voir ces visages au Honduras ou à Beijing, Dex n’aurait jamais imaginé les croiser à Two Rivers.

Mais en vérité, le Michigan n’était plus qu’un souvenir. Il avait renoncé à essayer de deviner la nature de cet endroit. Ça semblait sortir tout droit de La quatrième dimension : « Un monde parallèle ». Comprenne qui pourra…

Il monta chez lui. La pièce principale était sombre et glaciale depuis le début de l’automne. L’armée devait tirer une ligne à haute tension jusqu’en ville : il le croirait quand il le verrait. D’ici là ça caillait, et l’hiver promettait d’être pire. Voire mortel, à moins qu’on ne règle le problème.

Son canapé convertible disparaissait sous un amas de couvertures – toutes celles qu’il possédait. Durant cette incroyable et invraisemblable période, en juin, entre l’accident et l’occupation, il avait eu la présence d’esprit d’acheter une lampe-tempête et du pétrole et gagnait ainsi une demi-heure de lumière sur le soir. Il lisait. Les proctors n’avaient pas tout confisqué ; les bibliothèques personnelles, dont ses sept étagères de bouquins de poche, subsistaient. Ces temps-ci, il se replongeait dans Mark Twain, un réconfort en de telles circonstances.

Il mangea sa soupe froide à même la boîte. Les proctors avaient distribué des tickets de rationnement ronéotypés sur du papier recyclé qu’on échangeait contre de la nourriture au dispensaire installé sur un parking. Il n’en avait plus depuis le début de la semaine, mais il lui restait des denrées non périssables. L’eau venait d’un camion-citerne garé devant la mairie : on faisait la queue, nanti d’un vieux bidon de lait, d’une bouteille Thermos, de n’importe quel récipient. L’attente durait une bonne heure. L’eau avait un goût d’essence.

Depuis juin, sa toilette consistait à se laver avec un gant, un bout de savon et un broc d’eau à température ambiante, ce qui n’avait rien d’agréable. Il en venait à rêver de douches chaudes.

Il lut à la lueur du soleil couchant jusqu’à ce qu’il fasse trop sombre, puis il posa son livre et regarda la tombée de la nuit par sa fenêtre étroite. Le ciel se couvrait, le vent qui soufflait en bourrasques soulevait des tourbillons d’or terne : nul n’avait pris la peine de ratisser ou de brûler les feuilles mortes. La ville semblait fatiguée, défraîchie.

Il se garda d’allumer sa lampe. Une fois la pièce obscurcie, une fois les rues obscurcies, il enfila un T-shirt noir, un jean, un manteau bleu marine, puis fourra une boîte de soupe et deux de soda à l’orange dans ses poches. Après réflexion, il ajouta un tube d’aspirine.

Dex savait par expérience que tout le monde respectait le couvre-feu. Il y avait eu quelques exceptions. En juillet, un gars de vingt-sept ans appelé Seagram avait été abattu en voulant traverser la ville pour rendre visite à sa petite amie. Ensuite, on avait exposé son corps dans la cour de la mairie. Trois jours d’horreur.

Les patrouilles avaient quelque peu relâché leur surveillance, mais Dex fit très attention en passant du vestibule de son immeuble à la rue giflée par les rafales.

Un atout, ce vent. Le bruissement des arbres et le crissement des feuilles mortes couvriraient ses bruits de pas. Aucun réverbère, aucune lumière, sinon parfois l’éclat vacillant d’une bougie, atténué par des rideaux tirés. Ça aussi, c’était à son avantage. Il suivit une haie jusqu’à Beacon Road et observa les environs avant de franchir le carrefour au petit trot pour atteindre l’angle de Powell Creek Park. Le jardin public l’abritait des regards, mais la nuit rendait la marche un peu hasardeuse. Il suivit la lueur diffuse d’une allée.

Il se tapit contre un saule en entendant un crépitement de feuilles écrasées. Un véhicule militaire déboucha d’Oak Street, derrière l’école primaire plongée dans les ténèbres. Le passager balaya les trottoirs du faisceau de son projecteur. Immobile, haletant, Dex attendit que le bruit du moteur s’évanouisse dans le lointain, entraînant avec lui le ballet du cercle de lumière.

Puis il traversa la rue devant une petite maison en bois, foula l’herbe haute d’une pelouse laissée à l’abandon et descendit les quelques marches en ciment qui menaient à la porte de la cave. Il avait mémorisé cet itinéraire ; on n’y voyait presque rien dans l’obscurité. Il entendit le vent dans les arbres du jardin. La pluie transperçait son manteau. L’air était froid et humide sur ses lèvres.

Il entra sans frapper, referma la porte derrière lui et alluma une bougie.

Du béton. Pas une fenêtre. Des piles de couvertures, des boîtes de conserve (vides pour la plupart), quelques livres, un réchaud de camping. Sur le sol, un matelas, et sur le matelas, Howard Poole, les yeux fermés, le front perlé de sueur.

Dex soupira et sortit les provisions qu’il apportait. À ce bruit, Howard leva les yeux vers lui.

— C’est moi, dit Dex.

Le jeune homme hocha la tête.

— Soif, dit-il.

Dex tira la languette d’une des boîtes de soda et fourra deux aspirines dans la main d’Howard. Il la trouva chaude, mais peut-être moins brûlante que la veille.

La grippe dont souffrait le physicien avait bien failli tourner à la pneumonie. Dex croyait le danger écarté, sans aucune certitude cependant.

Howard orienta son poignet pour déchiffrer l’heure à la lueur de la bougie puis se redressa avec lenteur, souffrant visiblement.

— C’est le couvre-feu.

— Ouais.

— Plutôt risqué de venir ici.

— Je ne tenais pas à être suivi.

— Tu craignais de l’être ?

— Deux proctors m’ont rendu une petite visite ce matin. Ils connaissent ton nom, ils savent que tu travaillais au labo et que tu logeais chez Evelyn. Très civilisés, très polis, les mecs. Mais un type m’a suivi jusqu’au boulot. J’ai pensé qu’il valait mieux attendre la nuit pour passer ici.

— Merde.

Howard roula sur le flanc.

— Ça n’est pas si terrible, dit Dex. Je n’ai pas eu l’impression qu’ils te traquaient. Mais ils laissent traîner leurs filets.

Howard soupira. Il a l’air fatigué de tout, songea Dex. Usé par la maladie, le froid, la planque.

Dix jours à peine après l’arrivée des tanks, l’armée annonçait son désir d’interroger les employés du laboratoire de recherches. Howard Poole avait refusé de se présenter. Quand le lieutenant Symeon Demarch, du Bureau de la convenance religieuse, avait établi son quartier général chez Evelyn, le jeune homme était entré dans la clandestinité.

Cette maison-ci était visiblement inoccupée. Jadis, elle appartenait à Paul Cantwell, un expert-comptable en vacances en Floride avec sa famille à l’époque de l’accident.

Howard avait piqué un permis de conduire périmé dans le tiroir d’un bureau au premier et pu passer pour Paul Cantwell aux distributions alimentaires, jusqu’au jour où la grippe (une variante apportée par les tanks : la moitié de la ville l’avait attrapée) l’avait touché. Dex s’était alors servi de ces papiers pour obtenir double ration – il courait un réel danger puisque, sous la loi martiale, la constitution de réserves était un délit et l’utilisation d’une fausse identité un crime passible de la peine de mort.

— Je rêvais, dit Howard d’un air distrait. De Stern, je crois. Dans un bâtiment, un bâtiment couvert de pierres précieuses. Mais je ne m’en souviens pas…

Sa voix s’éteignit.

Toujours Stern, songea Dex. Depuis le début de sa maladie, Howard parlait souvent d’Alan Stern – son oncle, le chef du labo, et sans doute l’une des victimes de l’accident. À croire que la fièvre ravivait son souvenir.

— Une femme, reprit-il dans son délire. C’est une femme qui a répondu.

Dex ouvrit une boîte de soupe et plaça une cuillère dans la main d’Howard qui referma ses doigts dessus comme par réflexe.

— Quand je l’ai appelé à Two Rivers… Une femme…

— C’est important ?

La question parut dissiper une ombre. Le jeune homme eut pour Dex un sourire étrange, empreint de culpabilité.

— Peut-être. (Il prit une cuillerée.) De la soupe froide.

— Ça te fera du bien. Comment tu vas, au fait ?

— Un peu mieux. Je reste plus longtemps éveillé. Enfin, il me semble. Difficile à dire, ici. (Une autre cuillerée.) Je vais moins souvent aux chiottes. Et j’avais même une petite faim.

— Parfait.

Il continua de manger en silence. Dex s’avisa que la soupe et l’aspirine commençaient à produire leurs effets. Ça faisait plaisir à voir.

La pluie tambourinait de plus en plus fort sur l’auvent en tôle de l’arrière-cour.

Howard posa la boîte vide et lécha sa cuillère une dernière fois.

— Je parlais de mon oncle. Je n’étais peut-être pas très cohérent, Dex, mais je ne délirais pas totalement. Stern est la clé du problème. Il pourrait même nous aider à le résoudre.

— Tu crois qu’on a une chance ?

— Je l’ignore. Sait-on jamais ?

Si Howard pouvait comprendre ce qui s’était passé au centre de recherches, Dex, lui, s’en savait bien incapable. Déjà en peine de saisir le modèle nucléaire de l’atome selon Bohr, il était complètement dépassé par un phénomène qui obligeait les hommes à réécrire l’histoire. Cet événement ne relevait pas du cours de physique élémentaire – à sa connaissance, il ne figurait sur aucun programme. Il secoua la tête.

— Tu parles à un diplômé en sciences humaines, mon vieux.

— Et si on était obligés de le résoudre ?

— Ah ?

— J’ai pas mal cogité. C’est facile de réfléchir, allongé dans le noir. C’est notre seul choix, Dex. On comprend et on tâche d’agir, ou alors… quoi ? On s’en tient là ? On se fait tuer, foutre en tôle ou, au mieux, assimiler ?

Dex avait tenu le même raisonnement. Comme, sans doute, la plupart des habitants de Two Rivers. Mais personne n’en discutait. La loi du silence : on ne parle pas du futur.

Howard venait de violer cette loi.

— C’est sûr, tu délires.

— Évite de m’envoyer bouler.

— D’accord.

— Inutile de me ménager non plus. Je ne suis pas malade à ce point.

— Je regrette. Si je savais par où commencer…

— Je pense à Stern. J’en rêve. Avec la fièvre, je crois qu’il est ici, dans la pièce. Très réaliste. (Howard secoua la tête et se recoucha sur son matelas.) Tout semble logique. Je comprends mieux, en rêve.

 

Il était plus de minuit quand il rentra chez lui. Le mauvais temps le dissimulait aux regards et réduisait les patrouilles au minimum, mais ses habits étaient lourds de pluie et il frissonnait lorsqu’il aperçut son immeuble. Et si Howard avait raison ? Si l’on comprenait mieux en rêve ?

Peut-être le rêve était-il le seul moyen de cerner l’incompréhensible. Dans ce cas, Dex était mieux pourvu que la moyenne car sa vie avait basculé dans le domaine du rêve des années plus tôt, le jour où l’incendie lui avait ravi Abigail et David. Depuis lors, il avançait en somnambule dans un monde de ténèbres où même les événements des derniers mois se réduisaient à une simple récapitulation de son propre deuil. Evelyn avait dû le sentir, elle avait dû se rendre compte que la tendresse, la véritable tendresse qu’ils partageaient, était éclipsée par quelque chose de plus sombre. Voilà sans doute pourquoi elle avait choisi de rester dans sa pension en compagnie du proctor Demarch. Elle avait peur, certes, mais surtout elle connaissait Dex, elle savait ce qu’il avait été et ce qu’il avait perdu.

L’obscurité de la porte cochère le gênait pour insérer sa clé mouillée dans la serrure. Il évoqua Evelyn Woodward et ce qu’elle avait représenté à ses yeux. Un temps, il avait cru trouver en elle la porte qui le rendrait au monde dont il était exilé – non pas la remplaçante d’Abigail, mais une chance de sortir du canyon sans issue qu’était devenue sa vie, le sentier qui lui permettrait d’atteindre le plateau, ce lieu ensoleillé auquel il avait presque cessé de croire.

Elle n’avait pas su répondre à cette attente. Qui l’aurait pu ? Mieux valait n’éprouver aucun désir de la sorte. Il avait trouvé un modus vivendi avec son chagrin ; on ne brise pas ce genre de pacte sans en subir les conséquences. On supporte son chagrin, et si nécessaire on le mange, on le boit, jusqu’à ce qu’il prenne corps, jusqu’à ce qu’un jour, en s’observant dans le miroir, on ne voie plus qu’une statue de chagrin, qu’un homme de chagrin, qu’un triste miraculé qui tient debout et survit sans trop savoir pourquoi.

Il pendit ses vêtements trempés à la tringle du rideau de douche et alla au lit pour y trouver l’oubli, ces quelques heures d’oubli qui lui permettraient de franchir le seuil d’une nouvelle aurore.

 

Il s’éveilla en sursaut quand on frappa.

Le coup était péremptoire, féroce. Un proctor. Dex cligna des yeux sous la lumière du jour, le cœur en déroute.

Il alla droit à la porte et l’ouvrit, avec appréhension, mais sans peur ; il était trop las de tout pour avoir peur.

Dans le couloir plongé dans la pénombre, seul se détachait le carré pâle de ce matin d’octobre pénétrant par la fenêtre à l’est. Deux proctors subalternes, des jeunots aux joues roses qui commençaient tout juste à maîtriser l’arrogance routinière du policier religieux, le toisèrent avant d’inspecter la pièce d’un œil inquisiteur. Puis ils se posèrent de part et d’autre de l’embrasure.

Une femme s’avança.

Dex ne put que la dévisager, interloqué.

Elle lui arrivait à l’épaule, et sa tenue aurait convenu à la grand-mère de Dex dans sa jeunesse : une robe noire à manches longues et col montant, boutonnée par-dessus ce corset qui donnait à la femme une silhouette en S, tout en fesses et en seins. Il ne s’agissait pas d’un uniforme – trop de dentelle au col et aux manchettes. Ses cheveux noirs tirés en arrière, avec une raie au milieu, encadraient l’ovale de son visage.

Elle le fixait d’un air déterminé, mais elle rougissait, peut-être à la vue d’un homme ouvrant sa porte vêtu en tout et pour tout d’un caleçon et d’un T-shirt.

— Je suis navrée de vous déranger. Vous êtes bien M. Dexter Graham ?

Elle s’exprimait avec cet accent étrange qu’il avait remarqué chez les militaires : inflexions européennes, voyelles presque irlandaises. Dans sa bouche « Dexter Graham » avait un petit côté exotique, comme le nom d’un bandit de grand chemin du nord de l’Angleterre dans un roman de Walter Scott.

Il parvint enfin à vaincre son mutisme.

— Oui, c’est moi.

— Je m’appelle Linneth Stone. Le lieutenant Demarch m’a envoyée vous parler. (Elle s’interrompit.) Je peux attendre, si vous souhaitez vous habiller.

Elle rougit un peu plus.

— D’accord, dit Dex. Merci.

Et il partit à la recherche de son pantalon.

Mysterium
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